Haïti, la mauvaise conscience des puissants
Haïti, la mauvaise conscience des puissants
Ababacar Fall-Barros
Dakar le 1 er Mai 2004 |
A la demande de l’Association Sénégalaise des Professeurs d’Histoire et de géographie (Asphg) et la Direction de l’information de l’Animation Culturelle de l’Université Cheikh Anta Diop (Diacs), Monsieur Amadou Mahtar MBow, ancien Directeur Général de l’Unesco, a donné le 13 Avril dernier à la salle conférence de l’Ucad II, une conférence sur le thème : Haïti : Histoire d’un Etat issu d’une révolte d’esclaves africains, dans le contient Américain. |
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Il n’est jamais très tard de bien faire, dit-on, car la conférence faite pour commémorer le bicentenaire de la révolution et la fondation de l’Etat haïtien, le 1er janvier 2004, a permis de «sauver l’honneur » des patriotes de l’ouest africains et d’afrique d’une manière générale, si l’on sait que, hormis le Président d’Afrique du Sud, aucun chef d’Etat africain n’a eu le courage de se déplacer pour aller assister à la fête. C’est pourquoi, les nombreux intervenants n’ont pas trouvé de mots suffisants pour féliciter l’Association des professeurs d’histoire et l’Université Cheikh Anta Diop de leur initiative et remercier M Amadou Moctar Mbow, pour sa brillante et exhaustive conférence. En effet, pendant plus d’une heure de temps, M. Mbow a non pas survolé le champ de l’histoire, mais l’a soigneusement labouré pour ainsi dire.
Ceci en partant de 1446 avec les premiers occupants de l’ile, les Aravacs, en passant par 1492 avec ‘arrivée de Christophe Colomb pour aboutir à la révolution victorieuse, initiée et conduite par des hommes aussi prestigieux que Toussaint Louverture et Dessalines. Faisant référence à De Las casas, M Mbow a décrit les conditions infrahumaines dans lesquelles vivaient les esclaves qui sont à la base de leur soulèvement et de la révolution victorieuse ponctuée par la bataille mémorable de Vetieres, en octobre 1803 et la proclamation de l’indépendance le 1er janvier 1804.
De ce point de vue l’opinion de M. Mbow été sans équivoque en ce qui concerne la réparation qui, pour lui, ne peut se traduire que par une volonté politique sérieuse de sortir les noirs dans la situation désastreuse dans laquelle ils se trouvent dans les anciens pays esclavagistes ( Etats-Unis, Brésil, les Antilles, Caraïbes etc.) à travers des programmes spéciaux touchant la santé ,l’éducation et l’insertion sociale par l’emploi durable.. Point de vue qui tranche d’avec celui d’esprits tordus envoûtéspar les démons du néolibéralisme qui, dès qu’il est question de cette problématique de réparation, ils y voient des « trébuchantes et sonnantes » devant des guichets. M Mbow a par ailleurs souligné que si l’histoire de la révolution haïtienne, qui est sans précédent, a été occultée, au point qu’elle soit si méconnue par beaucoup d’hommes épris de justice , c’est que Haïti constitue « la mauvaise conscience des grandes puissances (Etats-Unis, France, principalement) et tous ceux qui voudraient ériger la discrimination raciale en règle de vie » Elle sonna en ce sens , pour lui, le glas de tout le système esclavagiste de l’époque. Ainsi ajoute t-il, un blocus fut imposé par le gouvernement des Etats-Unis .Et la France de son coté imposa à Haïti le payement de 150 millions de francs or pour la reconnaissance l’indépendance du pays..
Dans cette perspective M Mbow a estimé qu’au regard de la situation actuelle que vit le pays et compte tenue des propos du Président Aristide qui dit avoir été kidnappé et enlevé du pouvoir par la force, c’est comme qui dirait l’histoire. se perpétue. Auparavant, M. Mbow a précisé que des sénégalais, arabophones ,capturés lors de la baille entre l’Almamy Abdel Kader et le Damel Amary Ngoné Ndella Fall,ont participé à la Révolution de Saint-Domingue. Péripétie retracée par le gouverneur Baron Roger dans son livre « Keledor », en 1830 Pour terminer M. Mbow a précisé que les Africains, la jeunesse en particulier, doivent s’intéresser à leur histoire, contrairement à la classe dirigeante africaine« tétanisée » par .les institutions internationales et autres bailleurs de fonds. |